La violence exprime-t-elle quelque chose ? (problématique)

 


La violence exprime quelque chose. C’est le discours le plus commun, une sorte de credo : la violence a bien “une raison”, un motif, et naturellement, on “s’exprime” par la violence... Sans doute. On tente de répondre ainsi à la question : pourquoi la violence ? Faut-il dire pour autant que la violence exprime à sa façon, laisse apparaître les motifs et les raisons qui l’ont fait naître ? De ce point de vue, la violence “exprime” au sens où elle révèle, lève le voile sur ce qui est caché, occulté (volontairement ou non) ; elle est la traduction, la trahison, ou encore le symptôme, l’indice d’une vérité oubliée ou refoulée : par exemple une injustice, un déséquilibre social, un désir inassouvi. — On peut sans doute expliquer cet enchaînement de causes psychologiques, psychanalytiques, sociologiques, politiques..., c’est-à-dire les sources de la violence. On peut aussi expliquer comment un individu ou une société se sert de cette violence, paradoxalement, pour la conjurer.

La violence n’exprime rien. Mais expliquer ne suffit pas ; il faut pouvoir justifier, accepter, c’est-à-dire “comprendre” la violence. De ce point de vue, aucune explication ne suffit. Notre point de vue de philosophe sera beaucoup plus éthique que scientifique : que faire face à la violence ? — Par principe, nous sommes tentés d’assimiler la Liberté avec l’Expression, au point de faire de la “liberté d’expression” une sorte de pléonasme (exprimer c’est toujours libérer quelque chose). Comment alors prétendre que la violence, que l’on suppose être le contraire de la liberté, puisse représenter un mode d’expression ? De ce point de vue, la violence n’exprime rien car elle est justement le refus de l’expression. Violenter ou exprimer, cogner ou parler : il faut choisir !

Mais, avant d'affronter cette problématique proprement éthique (à quoi sert la violence ?), il convient de proposer une définition de la violence qui prenne en compte toute sa dimension subjective et morale, puis il s'agira d'analyser ses causes possibles à la fois psychologiques, anthropologiques, et sociales.

dm