Introduction
Nous savons que la recherche de la Vérité – sinon la possession de celle-ci – est la signature de toute démarche philosophique authentique. Or la philosophie a promu le discours rationnel comme condition d’accès à la vérité, comme l’être-vrai des choses, le réel contraire de l’illusion. Pour elle, « parler le langage de la raison » est un impératif, mieux même : c’est un pléonasme !
Certes le langage n’est pas d’emblée ou pas toujours rationnel, il semble bien d’abord expressif, et vise avant tout la communication entre les êtres. Mais le langage comporte une rationalité intrinsèque en tant que système forcément cohérent : toute langue en effet se définit comme un système de communication, conventionnel beaucoup plus que « naturel » chez les humains. De plus, le langage se veut avant tout porteur de sens et de significations. A ce titre il ne sert pas seulement la raison mais aussi l’imagination. Il existe notamment une « fonction poétique » du langage que d’aucuns jugent essentielle.
A l’échelle de l’humanité, le langage constitue le socle de la culture et la condition de la vie sociale : il est avant tout une fonction de communication.
A l’échelle individuelle, c’est par le langage que l’homme exprime sa pensée : il pense, il n’est conscient et il ne raisonne que dans l’élément du langage.
L’apparition de la faculté linguistique est un phénomène long, lié à l’évolution de la boite crânienne et aux techniques de fabrication d’outils de l'Homo habilis (plus de 2 millions d'années) jusqu’à l’Homo sapiens beaucoup plus récent : "outils pour la main et langage pour la face sont deux pôles d’un même dispositif" affirme l’anthropologue Leroi-Gourhan.
Quelques définitions :
1° D’abord la langue : la langue représente un système particulier de mots, un ensemble fixé dans une société donnée (ainsi parle-t-on de la langue française ou anglaise), un pur produit de l'évolution sociale et ethnique.
2° Le langage lui-même se définit comme la principale faculté humaine de communication. Elle est universelle, tous les hommes la possèdent malgré les handicaps ou les pathologies possibles. Le problème est celui de la finalité de cette fonction : expression de soi, de l'être, communication vers l'autre (et donc rationalité), création du sens et de la signification (et donc connaissance) ?
3° La parole, ensuite, désigne l’acte individuel par lequel s’exerce concrètement la fonction du langage, et ceci grâce aux organes de la phonation (glotte, pharynx, etc.). Comme tout acte, cet acte de parole suppose un sujet. Et comme tout acte encore, il peut changer la réalité : la parole n'est pas sans conséquences…
Il y a une grande différence entre le langage humain et le langage animal. Le cri des animaux exprime un affect, une émotion, parfois il annonce un comportement ou répond à celui d'un congénère. Il y a bien communication animale au moyen d’un langage. Pourtant ce langage n'est pas articulé en phrases (le cri constitue par lui-même une phrase, un message). Chaque langage animal est un code comportant des signaux ayant une signification précise et limitée, donc il n’est pas aussi individualisé que le langage humain ; l’homme dispose lui aussi d’un code, la langue qu’il utilise, mais il peut en faire varier infiniment la signification. Entre le langage animal et le langage humain, il y a la même différence qu’entre l’instinct et le comportement conscient, volontaire.






























