On croit spontanément "savoir" ce que l'on pense : c'est la définition même de la conscience. Cependant il arrive aussi que l'on se dire "je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête!" Ce qui semble attester l'existence de pensées inconscientes ou au moins involontaires. C'est pourquoi il est bien légitime de se demander si la vie psychique se limite à la conscience.
La "vie psychique". Cela désigne l'"âme" au sens courant, c'est-à-dire l'ensemble de la vie intérieure. A cet égard, le mot "vie" apporte l'idée d'une continuité, d'une somme d'expériences intérieures et personnelles, mouvantes, dynamique. La "conscience" est la représentation de soi-même par la pensée. Pour certains, c'est la pensée même en tant qu'elle rime avec "connaissance". Une "limite" est une borne, une manière de restreindre l'extension d'une chose ou d'un domaine. Mais "se limiter à" signifie aussi "se réduire à", "s'identifier à".
Donc la vie psychique et la conscience sont-elles une seule et même réalité ?
Faut-il admettre que seule la pensée conscience possède une réalité psychique ? Comment parler de quelque chose dont on ne pourrait prendre conscience ? Ou au contraire faut-il étendre la vie psychique à des formes de pensée inconscientes ? Dans ce cas, l'inconscient psychique serait-il une face obscure et comme oubliée de la conscience, ou bien une toute autre face, spécifique et autonome, de notre personnalité ?
Quelle est la valeur de la thèse cartésienne selon laquelle pensée = conscience ? Pourquoi semble-elle si évidente ?
D'un autre côté, qu'est-ce qui peut faire douter ce Moi conscient, sinon toutes ces manifestations ou symptômes qui l'affectent et qu'il ne semble pas comprendre ? Quelle est la part respective de ce qui est oublié, mais bien présent, dans le psychisme (subconscient) et de ce qui est inconscient (refoulé) ? Quelle est la vraie nature du conflit psychique ?
Ne faut-il pas, dans tous les cas, redonner à la conscience la place qui lui revient ? Quelle est sa fonction ? N'est-elle pas précisément une limite, à la périphérie du psychisme, une zone de contact entre la réalité et l’intériorité ?
Conclusion anticipée : ce n'est pas la vie psychique qui se limite à la conscience (sa réalité est bien plus vaste), c'est la conscience qui se pose et qui fonctionne comme limite du psychisme (ref. : Nietzsche et Freud).