La question se pose pour l’élève de terminale à qui l’on ajoute une matière supplémentaire en fin de cycle. Elle se pose aussi aux philosophes depuis que la philosophie existe, et les avis sont très partagés entre… (tableau).
Les positions diffèrent, à ce sujet, selon que l'on met l'accent sur l'acte de philosopher ou sur le contenu de la philosophie. Normalement, enseigner une discipline revient à transmettre un savoir, donc à permettre un apprentissage pour s’approprier ce savoir. Mais quel savoir un enseignement de la philosophie est-il censé transmettre ? Certains pensent qu’en philosophie « on n’apprend rien », que cette discipline se réduit à une simple pratique de la discussion. D’autres prétendent qu’en philosophie ce sont les questions, et non les réponses, qui sont importantes. D’autres considèrent enfin que l’on n’apprend qu’à « philosopher » (penser, critiquer, argumenter, etc.) mais jamais la « philosophie » elle-même, au sens justement d’un savoir qui pourrait prétendre à une certaine vérité. Nous prenons au sérieux ces différentes positions mais nous pouvons défendre, malgré tout, l’existence d’une véritable connaissance philosophique, accessible au moyen d’un apprentissage spécifique. Donc la formule épicurienne "prendre soin de son âme" ne doit pas être réduite à une visée éthique au sens strict, puisque l'apprentissage philosophique inclut bien un aspect théorique. C'est pourquoi "apprendre à philosopher" et "apprendre la philosophie" sont bien deux objectifs complémentaires.
Voici donc l’objectif - ambitieux - de ce programme français veillant à ne pas séparer l’enseignement de la philosophie comme savoir constitué (d’où la lecture des auteurs, le cours à apprendre…), et l’enseignement du philosopher comme pratique accessible à chacun (d’où l’effort de discussion, participation) : “L’enseignement de la philosophie en classes terminales a pour objectif de favoriser l’accès de chaque élève à l’exercice réfléchi du jugement, et de lui offrir une culture philosophique initiale. Ces deux finalités sont substantiellement unies." (Arrêté du 27 mai 2003 précisant les principes et le programme de philosophie dans les classes de terminales en France.)
dm
